12 août 2014

Vacances...

Hier soir, je me suis endormi vers 23h30 avec la ferme intention de profiter de cette première matinée de vacances pour dormir, et puis aussi DORMIR !
Premier cauchemars à 3h30, puis 5h, réveil vers 6h45, puis 7h30 avec besoin d'aller aux toilettes, finalement, abandon des tentatives de ré-endormissement vers 8h30.
FUCK !
C'est pas mon genre pourtant.
Mon premier cauchemar m'a marqué. Ma belle-mère m'appelait pour me dire que ça y est, ma femme était morte. Elle avait profité de la négligences des infirmière pour piquer des médocs et se suicider.
...
Je me souviens surtout de l'ambivalence de mes sentiments en réaction à l'annonce. Parmi toute la palette des réactions prévisibles à cette annonce, il y avait en plus du soulagement... enfin la vie allait redevenir simple.

Bien sûr que je n'ai pas envie de ça. Mais je ne peux pas nier que c'est dans ma tête.
La peur de l'avenir, l'espoir d'une vie heureuse, la fatigue, la joie qu'elle soit en vie, l'impatience face à ces années de soins encore à venir, l'envie qu'elle ne se rate pas la prochaine fois, la peur qu'il y ait une prochaine fois, la colère face à ce qu'elle a fait, la colère face aux psy qui l'ont laissé sortir au pire moment, la colère face à ses parents qui ont harcelé les psys pendant des mois les poussant à la faute, la colère face à cette connasse d'interne qui, face à mes peur du suicide de ma femme, m'a rabroué sèchement "faites un peu confiance à votre femme monsieur", me faisant baisser ma garde... et puis ma fille dans tout ça... amenant une myriade de réactions supplémentaires.

De toutes ces sensations celle qui prédomine c'est l'absence de sensation. La vie est comme ça. Ce qui est fait est fait. Il faut aller de l'avant sans se poser de questions. Ce qui me fait tenir c'est que réellement, je ne me pose pas de questions. Au quotidien, je ne souffre pas, je vie juste. Mais quelque part au fond de moi il y a toutes ces questions tout de même.

07 juin 2014

Woooo !

Je ne sais pas si je dois en être fier ou pas. Et puis peu importe, je l'ai bien mérité d'une certaine façon...

Donc, aujourd'hui, première journée de ma femme à la maison. Après en gros 1 an d’hôpital. Même si elle y est repartie ce soir, on commence à voir poindre vaguement à l'horizon la fin de ce calvaire. On ne saura son état final que quand on saura... son état final.
Journée parfaite. Tout c'est incroyablement bien passé. Pas d'angoisse, pas de souvenir de la tentative de suicide...

En tout cas, l'absence de mémoire et le syndrome frontal sont un avantage pour moi. Le pouvoir qu'on a sur une personne amnésique, qui cherche à combler les vides est hallucinant. Je fais tout pour ne pas perturber sa mémoire, et ne pas lui implémenter MES souvenirs dans sa tête. Ce pouvoir fait peur, on doit contrôler tout ce qu'on dit.

Mais j'avoue en avoir profiter sur un point...
d'où le woooo !
Ma chérie était une reine de la fellation, mais malheureusement pour moi était dégoutée par le sperme.
J'ai juste un peu modifié ça...
Une fois notre fille à la sieste, et "grâce" au syndrome frontal, je me suis fait sauté dessus (dans la mesure de ses possibilités bien sûr) et pour la première fois de ma vie j'ai éjaculé dans la bouche d'une fille. Cette sensation d'abandon totale qui m'était refusé, cet absolu parfait, enfin... et c'était à la hauteur des mes fantasmes.

Je ne peux pas dire que ces années de calvaire que nous vivons s'effacent pour autant, mais c'est juste un petit coup de pouce du destin pour compenser un peu tout ça.
Je ne sais pas si je dois être fier ou coupable d'avoir modifié son cerveau, mais vu l'intensité du résultat, I don't care.

15 mars 2014

I'm pretty tired...

Avoir des enfants, c'est sans pause.
A chaque minute de leur éveil, tu dois être là d'une façon ou d'une autre. C'est en partie pour ça qu'on est deux pour ce genre de trucs. Ça permet de diviser l'attention par deux. Ça permet à l'un de se reposer de temps en temps, de savoir qu'a certains moment, il peut se désengager de sa responsabilité. Je suis seul. Ma femme n'est pas là, je dois m'occuper d'elle aussi d'ailleurs. Elle est insouciante de tout ça. Elle a juste peur au fond d'elle que je la quitte, et me harcèle de "je t'aime", de "tu me manques" et d'autres plus salaces.

Je suis fatigué en ce moment, fatigué de tout ça. J'aimerais un peu d'insouciance, de légèreté. Mais ça n'arrivera pas avant des mois, voire des années… voir jamais plus.

Je regardais le dernier épisode de Shameless S02. J'ai pleuré comme un con devant la télé. Leur inutile mère, bipolaire, s'ouvre les veines. J'ai pensé à la vie que je vais avoir, j'ai pensé à la vie que Mathilde va avoir. J'ai peur de foutre cette gamine en l'air. J'ai peur que ma femme la foute en l'air si elle est vraiment en train de devenir bipolaire, j'ai peur aussi de moi… Je ne suis pas deux, je ne pourrais pas gérer seul toute ma vie si ma femme est un poids mort. Quand je suis fatigué de devoir gérer, je la regarde de loin. Cet après-midi, j'ai passé une heure à dormir sur le canap, pas de fatigue physique, de fatigue mentale. J'ai laissé Mathilde jouer à coté, sans réagir à ce qu'elle pouvait faire. J'ai peur de ne pas savoir lui donner tout ce dont un enfant a besoin, notamment l'attention légitime nécessaire pour se construire une estime de soi.

En gros, ça fait un an que c'est la merde. C'est long un an. Et ne parlons pas de que c'est long pour un bébé qui n'en a pas encore deux…

06 février 2014

J'ai peur, encore...

J'ai peur.


Ma femme est vivante donc.
Son état s'améliore. Elle devrait remarcher, elle devrait pouvoir reprendre une vie. Normale je sais pas, je parle du physique là, car ce qui me fait peur c'est le mental.
Depuis quelques jours, elle est totalement euphorique, et c'est arrivé plusieurs fois depuis qu'elle est consciente. Je suis arrivé dans sa chambre et elle s'est mise à rire, à chanter, à me dire qu'elle m'aime, qu'elle aime notre fille… qu'elle veut un deuxième enfant. Débit de parole continue, à voie très haute, tout en riant en permanence. En disant qu'elle est un peu folle. Et en justifiant son état par le fait qu'elle s'ennuie à l'hôpital.

C'est certainement vrai, mais j'ai surtout peur qu'elle soit complétement cinglé. Et j'ai malheureusement des raisons d'avoir peur. Deux choses sont possibles :

- Le lobe frontal droit était atteint, ce qui peut créer exactement ces symptômes.

- Elle est en phase maniaque. De nouveau, et donc elle entame un nouveau cycle maniaco-dépressif. Bref, bipolaire, avec des phases maniaques très marquée… et les phases dépressives, ben… elle s'est jetée du 4ème étage…


J'ai peur de ce que va être ma vie. J'ai peur de ce que va être notre vie. J'ai peur pour ma fille. J'ai peur de ce que je vais devoir assumer. Élever ma fille avec une mère folle, voir suicidaire par moments. J'ai peur d'élever ma fille seul si un jour ma femme retente l'expérience du vol. J'ai peur d'avoir à gérer les crises maniaques, peur d'avoir à gérer les crises dépressives, peur de devoir régulièrement interner ma femme. Peur de devoir gérer ça toute ma vie. Peur de moi-même aussi. Je l'ai frappée deux fois dans ses accès de dépression. J'ai lâché les vannes qui font que d'une pulsion tu passes à un acte. Et j'ai très peur de ça. J'ai peur de devoir me battre contre ses parents. Ces gros cons qui l'air de rien et innocemment, avec la meilleur volonté du monde et une apparence de respectabilité, me pourrissent la vie comme de grosses enflures.


J'ai peur mais je l'aime. J'ai pas envie de fuir. J'ai pas envie d'une autre femme. J'ai prêté serment devant tous les gens qui me sont cher et je crois à ça. Pour le meilleur et pour le pire. Je crois à la vertu du sacrifice, du don de soi. Conneries de bondieuseries que ces blaireaux de religieux se sont accaparé comme si seuls eux pouvaient avoir un sens moral (tout en tripotant des petits garçons et en massacrant des infidèles). Je dis pas que l'idée d'avoir une nouvelle jolie petite chatte rose autour de la bite m'a pas effleuré l'esprit. Mais j'en veux pas d'autre. Je veux ma femme, comme avant. Avec nos hauts, avec nos bas, nos problèmes et nos joies.


Mais ça ne sera jamais possible. Et je ne parle pas des cicatrices qui lui barres le corps, ça je m'en cogne grave. Ni de ses jambes déformées, ni de son coude qui bougera jamais comme avant. Je parle de mentalement. Comment est-ce que je pourrais vivre sereinement quand elle sera de retour à la maison, tout en sachant qu'elle pourra sans prévenir de nouveau péter un câble. Comment lui faire confiance pour aller de l'avant dans la vie. Sans parler du fait qu'on peut faire une croix sur un crédit immobilier. Merde. J'ai peur.