06 février 2014

J'ai peur, encore...

J'ai peur.


Ma femme est vivante donc.
Son état s'améliore. Elle devrait remarcher, elle devrait pouvoir reprendre une vie. Normale je sais pas, je parle du physique là, car ce qui me fait peur c'est le mental.
Depuis quelques jours, elle est totalement euphorique, et c'est arrivé plusieurs fois depuis qu'elle est consciente. Je suis arrivé dans sa chambre et elle s'est mise à rire, à chanter, à me dire qu'elle m'aime, qu'elle aime notre fille… qu'elle veut un deuxième enfant. Débit de parole continue, à voie très haute, tout en riant en permanence. En disant qu'elle est un peu folle. Et en justifiant son état par le fait qu'elle s'ennuie à l'hôpital.

C'est certainement vrai, mais j'ai surtout peur qu'elle soit complétement cinglé. Et j'ai malheureusement des raisons d'avoir peur. Deux choses sont possibles :

- Le lobe frontal droit était atteint, ce qui peut créer exactement ces symptômes.

- Elle est en phase maniaque. De nouveau, et donc elle entame un nouveau cycle maniaco-dépressif. Bref, bipolaire, avec des phases maniaques très marquée… et les phases dépressives, ben… elle s'est jetée du 4ème étage…


J'ai peur de ce que va être ma vie. J'ai peur de ce que va être notre vie. J'ai peur pour ma fille. J'ai peur de ce que je vais devoir assumer. Élever ma fille avec une mère folle, voir suicidaire par moments. J'ai peur d'élever ma fille seul si un jour ma femme retente l'expérience du vol. J'ai peur d'avoir à gérer les crises maniaques, peur d'avoir à gérer les crises dépressives, peur de devoir régulièrement interner ma femme. Peur de devoir gérer ça toute ma vie. Peur de moi-même aussi. Je l'ai frappée deux fois dans ses accès de dépression. J'ai lâché les vannes qui font que d'une pulsion tu passes à un acte. Et j'ai très peur de ça. J'ai peur de devoir me battre contre ses parents. Ces gros cons qui l'air de rien et innocemment, avec la meilleur volonté du monde et une apparence de respectabilité, me pourrissent la vie comme de grosses enflures.


J'ai peur mais je l'aime. J'ai pas envie de fuir. J'ai pas envie d'une autre femme. J'ai prêté serment devant tous les gens qui me sont cher et je crois à ça. Pour le meilleur et pour le pire. Je crois à la vertu du sacrifice, du don de soi. Conneries de bondieuseries que ces blaireaux de religieux se sont accaparé comme si seuls eux pouvaient avoir un sens moral (tout en tripotant des petits garçons et en massacrant des infidèles). Je dis pas que l'idée d'avoir une nouvelle jolie petite chatte rose autour de la bite m'a pas effleuré l'esprit. Mais j'en veux pas d'autre. Je veux ma femme, comme avant. Avec nos hauts, avec nos bas, nos problèmes et nos joies.


Mais ça ne sera jamais possible. Et je ne parle pas des cicatrices qui lui barres le corps, ça je m'en cogne grave. Ni de ses jambes déformées, ni de son coude qui bougera jamais comme avant. Je parle de mentalement. Comment est-ce que je pourrais vivre sereinement quand elle sera de retour à la maison, tout en sachant qu'elle pourra sans prévenir de nouveau péter un câble. Comment lui faire confiance pour aller de l'avant dans la vie. Sans parler du fait qu'on peut faire une croix sur un crédit immobilier. Merde. J'ai peur.